Dans l'après guerre de 14-18, la France avait porté un intérêt tout particulier à la Roumanie, et la Compagnie Française des Pétroles, se plaçant dans la suite que les traités lui avaient confiés en Irak, avait, au travers de l'Omnium Français des Pétroles, des intérêts importants dans la recherche et la production pétrolière en Roumanie. Georges Barthe qui sera Directeur Général de FOREX, se souvient de cette époque dans ses souvenirs de Roumanie que l'on peut trouver ici.
Amédée Maratier,fut un de ces ingénieurs expatriés en charge de l'exploitation pétrolière roumaine. Il travaille dans les années 20 comme ingénieur pour la Concordia (Société Roumaine pour l'Industrie du Pétrole)
Raffinerie de Ploieşti vers 1935
Fac-simile d'une action de la Concordia dans les années 20
Une sortie à Golesti (Roumanie) en 1937.Amédée Maratier est assis en bas à droite (click pour agrandir)
Amédée Maratier rencontre en Roumanie Claire Kikoïne qui deviendra après la guerre son épouse.(click pour agrandir)
Amédée Maratier va se lier d'amitié avec le Centralien Louis Cauchois (1905-1966) chef du Service Etude sur le champ pétrolifère de Ploieştià et qui deviendra Directeur de la Production de la Régie Autonome des Pétroles (RAP) puis Directeur Technique de la Société Nationale des Pétroles d'Aquitaine (SNPA).
On trouvera ici la notice biographique de Louis Cauchois parue dans le N° 57 de mars-avril 1966 de la revue "l'hydrocarbure", éditée par l'Association amicale des ingénieurs diplomés de l'Ecole Nationale Supérieure du pétrole et des moteurs à combustion interne.
Le champ pétrolifère de Ploieştià dépendait de la STEAUA ROMANA dont l'Administrateur Directeur n'est autre que Pierre Angot, major de Polytechnique et qui sera de 1941 à 1944 à la tête de la SNPA et sera déporté par les nazis et mourra à Buchenwald en 1945.
La France, soucieuse dans le conflit mondial qui se préparait que le pétrole roumain ne puisse tomber entre les mains allemandes, avait conçu un plan de sabotage des installations pétrolifères roumaines , plan qui devait être mis en oeuvre par les autorités de ce pays , mais avec l'appui technique des ingénieurs français présents sur place.
Ce plan de sabotage est connu sous le nom de "Mission Wenger" , du nom de Léon Wenger, envoyé spécial du gouvernement français qui prend Angot comme adjoint.
Les tractactions duraient toujours avec les autorités roumaines sur les modalités de sabotage en mai 1940 quand , le front de l’Aisne est enfoncé par l’armée allemande. Devant la progression fulgurante ennemie, le quai d’Orsay fait évacuer loin de Paris ses archives. Un de ces convois est retrouvé par hasard à la Charité sur Loire par les autorités allemandes:Parmi les documents saisis se trouve le programme d’action et les identités des agents spéciaux français en Roumanie, dirigés par Léon Wenger! Le nom d’Angot figure sur la plupart de ces écrits...
Pressés par l'Allemagne , et avec une certaine attirance compréhensible vers le vainqueur du jour,le gouvernement roumain , désavoua publiquement les auteurs du plan ainsi mis au grand jour et les autorités de Bucarest décrètèrent comme personna non grata les ingénieurs français et en particulier Angot, Cauchois et Maratier
Pierre Angot en Polytechnicien (Photo Collection Ecole Polytechnique)
C'est ainsi qu'Amédée Maratier, avant de transiter par la Turquie en compagnie de Louis Cauchois , se retrouve tout d'abord à Beyrouth où sa soif de combattre pour la France le guide et où il tente de s'engager dans la Légion Etrangère . Cette incorporation ne se fera pas car il en est dissuadé par les responsables locaux de la Légion qui lui indiquent que ses qualités d'ingénieur seront mieux utililisées dans d'autres combats.
Amédée Maratier gardera avec gratitude le souvenir de ce conseil , et bien plus tard , devenu avec Forex , un "grand" de la recherche pétrolière , et travaillant sur le site algérien d'In Anemas , il aura à coeur de faire livrer à ses frais au corps de la Légion Etrangère présente sur le site dans des conditions très éprouvantes de température des appareils de réfrigération!
à gauche de l'image Cauchois et Amédée Maratier en Turquie après leurs expulsions de Roumanie(click pour agrandir)
Mais , après le Liban , c'est en Syrie qu'il se rend , et il devint alors pour un temps le chauffeur du Général Dentz , alors Haut Commissaire.Il est rappelé rapidement en France par Pierre Angot qui rentré en France via Beyrouth et Marseille est devenu Président de la Société Nationale des Pétroles d’Aquitaine et reconstituait son équipe d'ingénieurs en vue de l'exploitation du champ de Saint Marcet